Histoire de votre personnage
Chapitre premier : La Danse des Dragons
Une fumée noire dans le ciel, comme celle chantée par les célèbres bardes elfes annonçant la Fin des Temps. Les étroites ruelles qui menaient aux douves de la cité crachaient désormais de la fumée et de la braise. À l'ouest, près des portes principales de la ville s'élevait un vacarme assourdissant, les échos d'une lutte sans merci.
- Par la grâce du ciel ! Quel genre de malheur s'est donc abattu sur vous, noble habitant ? demanda le vagabond à un jeune homme accroupit par terre, devant le cadavre gisant de ce qui s'apparentait être sa bien-aimée. Le malheureux pleurait sa défunte épouse, et Alastair restait indifférent face à cela. Il se permit même quelques pas en avant, en guise d'alerte de sa présence en ces lieux.
- Un dragon, un dragon a attaqué la ville !!! rétorqua le jeune homme, en pointant la rue centrale sur le devant, menant vers la grande place.
Un dragon. Un cracheur de feu? Alastair avait du mal à le croire. À l'instant même où le mot dragon résonna dans sa tête, il se tourna tout de suite vers le veuf et s'abaissa à son niveau.
Vous venez de vivre un évènement terrible. Des plus regrettables, à vrai dire. Vous êtes peut-être en train de perdre la raison, vous ne pensez pas? Personne n'a aperçu de dragon depuis voilà bien un siècle. Ces créatures se font bien rares, de nos jours déclara Alastair.
- Allez voir de vous-même, sombre crétin ! Je sais ce que j'ai vu, toute la ville est en flammes à cause de cette satanée bête ![...]
En effet. La ville était en flammes. Le vagabond traversait une allée qui menait directement vers la grande place et observait d'un œil amer tous les dégâts qu'avait provoqué le feu du dragon aux alentours. Les maisons, les toits en brique, tout avait été détruit et saccagé. Les flammes se répandaient même au sein des demeures : il était possible de percevoir les meubles brûlants par les fenêtres de ces bâtiments. Des cris de douleur et d’écœurement se faisaient entendre, les mères pleuraient leurs enfants morts tandis que les enfants recherchaient leurs mères, dans cet amas de poussière et de cendre. Certains hommes fouillaient même les débris dans l'inespoir et dans la crainte d'y retrouver leurs proches. D'autres se battaient, se querellaient au beau milieu de ce désastre et les plus misérables profitaient même de cet enfer pour dérober, voler, commettre des meurtres et violer. Ce n'était pas un joli spectacle, et Alastair ne s'attendait pas à voir tout cela durant un jour qui s'annonçait pourtant si beau.
Il arriva enfin sur la grande place. Des cadavres gisaient un peu partout sur le terrain, consumés et d'autres desséchés. Et à sa grande surprise, il eut un nain qui se tenait là.
-
Hé toi là-bas, hurla le nain en élevant sa hache.
Enfoiré de dragon ! Écoute bien ce que Burlok Briseur-de-Crânes va te dire ! Je vais briser chacun de tes os et dévorer tes organes un par un, et ensuite, je ferai de ta peau ma fortune ! fit le nain avec audace. Alastair se demandait s'il se rendait vraiment compte de la chose qui se tenait devant lui et à qui il avait adressé ses menaces. Le dragon, ou plutôt le wyvern, aurait pu faire disparaître le nain de la surface de la terre en un seul crachat, mais étrangement, il n'en fit rien. Le petit homme semblait même l'amuser : le wyvern bailla tout en agitant ses ailes.
Alastair se rapprocha du nain et ce dernier sursauta.
- Putain ! Vous êtes qui, vous ? fit le nain en reculant de quelques pas.
- N'ayez crainte, maître nain au tempérament ardent. Je suis un simple voyageur, et je suis venu assister à votre combat ! rétorqua Alastair, en lançant un regard vers le wyvern qui se reposait au sommet de la fontaine au beau milieu de la grande place, observant d'un air curieux les deux petits hommes qui jacassaient devant lui.
- Un comb...at ? Oui, euh, bien sûr oui ! Un combat ! Agacé de leurs bêtises, le wyvern se laissa glisser lentement de la fontaine (en la détruisant et la réduisant en miettes au passage) jusqu'au terrain plat, s'en suivirent des secousses violentes et des tremblements sur le sol qui firent perdre l'équilibre au nain. Ce dernier s'écroula, jura, cracha et finit par se redresser, en ré-arrangeant son casque. Le wyvern déploya ses majestueuses et grandes ailes. Et peu à peu, l'ombre épaississait les bâtiments à l'entour. Il ne semblait plus vraiment d'humeur à jouer.
- W- woah.... par la barbe de ma sainte mère...! - Maître nain, il vaut mieux vous retirer. Sinon, ces majestueuses ailes seront la dernière chose que vos yeux auront l'occasion de contempler en ce bas monde. Interrompu Alastair le nain dans son émerveillement. Le moment n'était pas bien choisi pour s'extasier devant la beauté évidente d'un wyvern.
Prenez vos jambes à votre cou, partez !Sans plus attendre, le nain exécuta les ordres d'Alastair et s'en alla rapidement, en se faufilant dans les ruelles de derrière. En quelques secondes, le petit homme avait déjà disparu. Le vagabond et le wyvern étaient désormais confrontés seul à seul, s'échangeant ainsi de longs regards qui pourraient encore durer des heures si l'un d'entre eux ne se décidait pas à les interrompre d'un geste vif. Le wyvern fut le premier à avoir interrompu leur silence.
Tout à coup, les poumons du wyvern s'enflammèrent d'un feu si ardent qu'il était possible de les percevoir à travers la fine peau écailleuse du reptile qui quant à elle s'illumina au même moment, et tandis que ses yeux devinrent rouges, du feu commença à jaillir de sa grande gueule.
Le wyvern était fou de rage et cela se ressentait : il commença à hurler vers le ciel d'une voix à vous exploser les tympans, et suite à cela, un feu encore plus ardent émana de sa gueule et se dirigea en ligne droite vers Alastair.
Alastair évita le souffle du wyvern d'un mouvement circulaire élégant, agile et plein de grâce. Le wyvern déploya à nouveau ses ailes et s'envola vers le vagabond dans l'intention de l'écraser avec sa masse. Et telle une feuille au gré du vent, Alastair pivota et dans un mélange de fulgurance et de nonchalance féline, éventra le wyvern en esquivant sa charge.
L'estomac et les intestins du wyvern voltigèrent tandis que ce dernier s'écroula à terre, pissant le sang et hurlant de douleur. Le malheureux tentait tant bien que mal d'empêcher ses organes internes de s'échapper de son ventre, mais il était déjà trop tard. La mort était certaine.
Alastair essuya Sarwen et se rapprocha du wyvern. Puis, avec un certain élan, il monta dessus. Tous autour observaient la scène sans émettre un quelconque son. Ce qu'ils venaient de voir dépassaient les limites de leur conscience, de leurs attentes. Un homme, avec une simple lame avait réussi à abattre un dragon juste devant leurs yeux (bien qu'il s'agissait en vérité d'un wyvern). Les bardes qui étaient présents sur le lieu commencèrent déjà à entamer des balades au nom du "Vagabond masqué, Tueur-de-Dragons".
Alastair se rapprocha de la tête du wyvern, il l'observa dans sa détresse quelques instants tandis qu'une fumée épaisse couvrit la vue des habitants à l'entour qui ne pouvait désormais plus suivre la scène. Le wyvern commença à suffoquer et ne cessait de répéter la chose suivante :
"Dvöra'h.... Dvöra'h.....", signifiant "Délivrance, délivrance" dans leur langue. Ils s'échangèrent à nouveau quelques regards mais, cette fois-ci, le wyvern aperçut quelque chose d'autre en Alastair. Il n'y vit plus le simple homme qu'il était il y a encore quelques minutes, quelque chose avait radicalement changé.
Il y vit la Mort.
Chapitre second : Du Feu et du Sable
Le désert ce jour-là était agité. Les dunes étaient balayées par un vent violent et la terre tannée par le grand soleil au-loin dans les vastes horizons. Alastair n'était pas vraiment habitué à ce climat aride, ni même à arpenter du sable chaud sur un terrain aussi vaste et âpre. Parfois même, il lui arrivait de se plaindre de sa situation (avec discrétion et à voix basse) et de regretter les belles terres fertiles du Nedora, mais il supportait tout de même cette longue traversée. Cela faisait déjà une semaine qu'il voyageait, seul. Avant de franchir la frontière du Nedora, qui menait au grand désert du Noara, il s'arrêta près de maints bourgs et petits villages pour se reposer quelques temps et méditer dans les endroits reposants qui pouvaient arborer ces régions, comme les lacs ou bien les chutes d'eau.
En chemin, il pensa beaucoup. Il se remémora des instants passés antérieurement et il ne cessa de se remettre en question tout le long du voyage, essayant d'appréhender qu'il était bien sur la bonne voie. Il ne s'agit pas de la voie au sens de la route à suivre, non, mais de la quête qu'il menait. Ce pourquoi il se donnait tant de mal dans la résolution de toutes ces énigmes.
- Te voilà enfin, Alastair. Raisonna tout à coup une voix masculine, plutôt jeune, dans la trentaine. Alors qu'il était intensément plongé dans ses pensées, le vagabond eut à peine le temps de redresser sa capuche, de balayer un coup sa cape et de lever la tête pour mieux apercevoir l'individu qui se tenait devant lui que ce dernier brandit déjà son épée et la pointa vers lui. Le vagabond ne réagit pas tout de suite. En vérité, il attendit quelques secondes avant de répliquer.
- Oh. Voilà qui était inattendu. Il s'arrêta de nouveau quelques secondes et reprit la parole par la suite.
C'est donc comme cela que vous accueillez les nobles voyageurs venus de loin dans vos contrées infertiles? Les vieux nomades ne vous ont-ils pas appris l'art de l'éloquence et de la bonne conduite, ainsi que de la politesse, Astrid, fils de Jubal Al-Ferah et prétendant au trône de Sa Majesté le roi ?- Je vois que vous avez des pions même ici, dans le désert. Fit le nomade en esquissant un sourire qui en disait long.
J'ignore comment sont les lois dans vos contrées loin à l'Ouest, Alastair, mais ici, on se renseigne sur les gentilshommes qui sillonnent nos terrains. Et vous nous paraissez quelque peu suspect. Déclara Astrid, toujours avec sa lame pointée vers le vagabond masqué, qui malgré les hostilités déclarées par le nomade restait serein et attentif.
On raconte que vous voyagez à travers monts et océans, à travers plaines et champs, qu'il n'existe nul endroit sur terre qui n'aurait pas encore eu le privilège de voir un aventurier tel que vous marcher sur son sol. Et tout cela, toutes ces traversées, ces longs voyages incessants, tous ces périples périlleux, vous les engagez pourquoi donc? Des bouquins, des potions, des artefacts? Un vent s'installa sur la scène, dispersant le sable aux alentours et dégageant des fumées poussiéreuses qui obligèrent le nomade à se racler la figure.
Tout cela n'a aucun sens !- Vous ne semblez pas très habile dans le désert, Astrid, fils de Jubal Al-Ferah et prétendant au trône. Les maîtres nomades de ce désert s'empiffreraient et s'engraisseraient derrière les remparts de leur palais, laissant ainsi le sable à la portée des bandits et des autres criminels qui parcourent les environs ? Lança Alastair d'une lippe imperceptiblement moqueuse (bien qu'il était difficile de percevoir quoi que ce soit derrière son masque).
- Tais-toi, vagabond ! Tes moqueries ne m'atteignent guère et d'ailleurs, tu n'es pas vraiment dans une position qui te permet de proliférer des insultes et des menaces. Au contraire, tu devrais faire pâle figure et répondre de tes actes ![...]
À nouveau, un vent s'installa sur le lieu. Les deux personnages se tenaient à leur place respective, sans bouger d'un pouce ni émettre un quelconque son. Jusqu'à ce qu'Alastair soit le premier à rompre ce silence qui devenait agaçant.